Le paradoxe de l'omnipotence
- A. B.
- 26 مارس 2016
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« DIEU peut-il créer une pierre que lui-même ne peut soulever ? » ! « DIEU peut-il s’autodétruire ? » ! « DIEU peut-il dessiner un cercle carré ? » ! « DIEU peut-il annuler son pouvoir provisoirement ou une de ses capacités à jamais ? » ! Des milliers de philosophes à travers l’histoire se sont débattus pour résoudre ce paradoxe ; d’Averroès à Descartes passant par Thomas d'Aquin, Gabriele Veneziano, John Barrow… et beaucoup d’autres ; et je ne suis évidemment pas là pour clôturer ce débat !– ; mais si je m’y intéresse en ce moment précis, c’est tout simplement parce que je viens de l’apprendre d’un de mes amis il y’a quelques jours. Celui-ci essayait de me convaincre que ce paradoxe affirmait effectivement l’impossibilité de l’omnipotence de DIEU, les deux réponses que ce paradoxe pouvait accepter étant : Oui (Donc il est inomnipotent puisque il est incapable de soulever cette pierre) ou Non (Donc inomnipotent tout court puisque il n’est même pas capable de la créer avec ces caractéristiques). Vu sous cet angle là que je qualifie de pensée binaire, le paradoxe est bien réel. Voici ce qui est, d’après mon point de vue, la raison de l’insignifiance, voire l’impossibilité, ni dans le présent ni dans le future, de poser une telle question ; mais j’aimerais avant tout mentionner que je n’ai guerre eu l’intention dans cet article d’affirmer avoir raison et déclarer ce débat clos, mais il s’agit au contraire d’apporter un point de vue qui est personnel, objectif et totalement indépendant de toute appartenance quelle qu’elle soit (religieuse ou autre) Je vous prie de lire entièrement l’article avant de pouvoir en juger l’objectivité à la fin ; sinon, dans le cas contraire, ne pas commencer la lecture serait préférable… Avant de commencer le raisonnement : Nous sommes des humains ; nous vivons dans le même monde et nous sommes obligés de communiquer les uns avec les autres. Nous étions, à un stade avancé de notre évolution, en mesure de créer un outil qui est la communication linguistique essentiellement sonore et écrite et dont l’unité est « le mot » par lequel nous avons essayé de faciliter le transfert des idées et des informations entre nous ; Cet outil nous a permis et nous permet encore de : 1) Désigner les entités matériels qui nous entourent tels que : une pierre par exemple. 2) Désigner les entités non-matériels que nous sentons (ou pas) la présence mais qui échappent à nos cinq sens très limités comme : DIEU par exemple. 3) Désigner des sensations, attitudes et émotions que nous ressentons à l’intérieur de nous comme : volonté par exemple. 4) Désigner les qualités de ces objets matériels ou immatériels pour pouvoir les décrire et les différencier comme : Lourdeur, Puissance, omnipotence, ou Grandeur par exemple. 5) Désigner, par des verbes, des actes que nous faisons ou que d’autres créatures ou objets matériels ou non le font aussi comme : Pouvoir (v), Soulever, Créer par exemple. Ces cinq éléments sont d’une importance majeure, leur compréhension permet la compréhension du reste du raisonnement. Et donc nous constatons que le fait même qu’il existe, pour exprimer une idée (émotion, acte, objet…etc.), des centaines de milliers de langues différentes, et au sein même de chacune d’elles, plusieurs manières de le faire, se traduit par une incapacité de communiquer les idées telles qu’elles sont absolument conçues ce qui fait appel à un maximum de précision. Notre puzzle étant enfin constitué, et ses éléments définis, nous pouvons commencer à mettre les choses en place : Paradoxe de l’omnipotence : Il dit dans sa version la plus connue : « DIEU (ou une entité toute-puissante comme disent les athées) peut-il créer une pierre que lui-même ne peut soulever même s’il en aura la volonté » Ce à quoi je me propose ici de démontrer dans cet article n’est ni l’affirmation du propos du paradoxe ni la négation de celui-ci, mais c’est plutôt une remise en cause de la légitimité linguistique et logique d’un tel propos ; et pour ce faire, une brève analyse terminologique se révèle nécessaire : DIEU (ou l’entité toute-puissante) : Il est clair que les mots : Être, Entité, Objet ou tout autre ne peuvent, en aucun cas, servir pour exprimer vraiment DIEU dans la mesure où tous les théistes croient que c’en est lui-même le créateur. Certains philosophes le traite donc par entité immatérielle et toute-puissante; l’ajout du préfixe -im.- étant lui-même une autre façon d’exprimer l’ignorance de ce qui est l’opposé du matériel : notion totalement absurde pour nous ! Verbe « Créer » : La création est l’action de faire apparaître quelque chose à partir du néant ; et cet idée ne fait le sujet d’aucune ambiguïté, car malgré notre totale ignorance de la procédure de l’action de création, nous la reconnaissons par son produit (nous-même par exemple). Verbe « Pouvoir » : A noter qu’il revient deux fois : 1. …Peut-il créé… : Il est ici clair qu’il ne s’agit pas d’une question de faculté physique (ou de force) mais de possibilité – de création – d’un point de vue logique – c’est-à-dire : sans porter atteinte à son omnipotence - ; Sans quoi la question ne se pose même pas. 2. …ne peut soulever… : et c’est là que réside tout l’enjeu de ce prétendu paradoxe. C’est un appel à employer une force physique. Effectivement, l’idée que porte la phrase « pouvoir soulever quelque chose » est une notion totalement physique, matérielle et humaine (→ voir plus dans le verbe soulever) et je mets en défi quiconque qu’il puisse pouvoir poser cette question en donnant, dans son imagination et son esprit, une autre dimension que celle purement matérielle à cette phrase ; car il est obligatoire dans un tel débat d’avoir la question claire dans l’esprit de celui qui la pose. Dire donc « pouvoir soulever X » dans ce contexte-là, ne peut avoir, du moins dans notre perception humaine limitée, un autre sens qui ne soit pas matériel ; or, nous nous adressons par ce défi à une entité immatérielle ! Verbe « Soulever » :
Qu’est-ce que soulever ? : Soulever c’est lever d’un niveau à un autre plus haut quelque chose ayant une masse donnée : c’est-à-dire s’opposer à la force de gravité (terrestre ou celle d’un autre corps, créé par sa propre masse) en fournissant une force plus importante qu’elle et proportionnelle à la taille de l’objet soulevé… ! Cela revient à dire que le verbe ne peut exister sans les notions suivantes : la gravité, la notion de haut et bas (ce que je considère soulever dans une direction donnée, voudrait dire baisser dans l’autre bout du monde malgré dans la même direction du mouvement, le repère étant donc le centre de la terre), et la force physique ! Ces notions existent-elles en parlons de DIEU (ou l’entité immatérielle) ?! Autrement, est-il obligé de les prendre en considération dans l’accomplissement d’un tel acte ? Absolument pas. La volonté : *La partie « même s’il en aura la volonté » dans l’énoncé du Paradoxe est un complément de moi pour encore ne pas laisser du vide dans le raisonnement et ainsi englober le sujet, vu que certains philosophes considèrent qu’affirmer la possibilité d’un tel acte divin implique le passage à l’acte. Eux-mêmes répondent par ceci à ceux qui disaient que DIEU puisse le faire sauf qu’il en a pas la volonté. Volonté : Pour faire quelque chose (soulever quelque chose par exemple), nous, humains, devons passer par trois étapes incontournables : tout d’abord y penser, ensuite décider de le faire (volontiers ou contraints), et puis le faire en dernier. Ces trois étapes sont nécessaires à la réalisation de tout acte humain dans l’état de conscience (excluant ainsi le cas de fous, somnambules…etc.). Mais DIEU, que fait-il pour “soulever” ?... Quoi qu’il en soit, il n’a pas à passer par les 3 précédentes étapes… et j’ai même la tendance à croire – ce qui est une croyance personnelle et ne fait pas partie du raisonnement – que rien que l’Intention de la part de DIEU pour la réalisation de quelque chose conduit immédiatement à celle-ci. Le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein disait « ZU EINER ANTWORT, DIE MAN NICHT AUSSPRECHEN KANN, KANN MAN AUCH DIE FRAGE NICHT AUSSPRECHEN » ce qui veut dire : « LORSQUE LA REPONSE NE PEUT ÊTRE FORMULEE AVEC DES MOTS, LA QUESTION NE PEUT L'ÊTRE NON PLUS. » L’homme est en fait emprisonné dans son propre outil de communication qui reflète son niveau de réflexion très limité par la nature dans laquelle il existe, ce qui empêche par conséquent que nous ayons même pas la possibilité mentale de se poser une telle question même dans un autre ordre de mot et que celle-ci ne soit pas contradictoire dans son essence-même. C’est donc une vaine tâche d’essayer de répondre à une telle question puisqu’elle n’est pas. Et elle l’est encore plus par oui ou non ; car ceux qui prennent ce soi-disant paradoxe comme la preuve éclatante de l’inexistence d’un omnipotent le font parce qu’ils sont dans le piège du ‘oui ou non’ sans se permettre à aucun moment d’analyser et critiquer l’énoncé même du propos. J’exclus ainsi tous ceux qui en dépit de l’honnêteté intellectuelle et de la quête réelle du sens cherchent à tout prix à nier l’omnipotence de DIEU pour ainsi réduire son autorité, et par conséquent ne plus être soumis à une quelconque limite dans la pratique de ce que DIEU nous demande d’éviter par connaissance de notre nature dont il est le créateur. Le philosophe et théologien Italien Thomas d'Aquin (XVème siècle) dans sa version du paradoxe demande plutôt « si DIEU pourrait créer un triangle dont la somme des angles ne ferait pas 180° ». Une telle question n’a pas lieu du moment où le mot triangle se définisse par : une figure plane, formée par trois points appelés sommets, liés par trois segments qui forment des angles dont la somme est 180°. La conclusion qu’en font certains en disant que ce paradoxe ne nie pas seulement l’omnipotence de DIEU mais l’existence même d’une telle notion ne sont pas moins perdus que les premiers, et ce parce qu’ils transforment leur ignorance en certitude en déclarant ce qui leur est inconcevable, quelque chose d’inexistant ! Ou alors ils se demandent : pourquoi croit-on en quelque chose d’inconcevable ? Ainsi, faire de l’existence de l’omnipotence un débat à part est une idée intéressante ; il s’agit effectivement d’un débat très profond sur quoi je donne ici brièvement mon propre point de vue : Parler de l’omnipotence c’est parler de l’être suprême, car cette qualité ne concerne que lui : ceux qui s’y engagent sont de deux catégories ; ceux qui croient en DIEU mais en contestent la perfection, et ceux qui n’y croient pas du tout, mais le font hypothétiquement et provisoirement pendant le débat pour arriver en fin à le nier complètement. En ce qui concerne la première catégorie, DIEU n’est DIEU que lorsque qu’il est omnipotent et ce parce que DIEU se dit omnipotent (et ce quelque soit leur appartenances et sources religieuses), et croire en DIEU c’est tout d’abord le croire dans la parole ; car il présente l’être suprême et parfait, sans quoi il n’est pas dieu (DIEU étant son nom). Une seule ambiguïté qui reste : DIEU peut-il nous mentir ? Et si le fait de mentir était contre la perfection, DIEU doit-il être parfait pour être cru ? Comme plus haut, je pense que perfection est une de ces notions très mal définies : car ce qui nous est parfait est en fait tout ce qui nous est plus parfait que notre modèle de perfection, la chose qui reste valable pour l’omnipotence : Peter Geach propose dans ce sens : « Y est tout-puissant ne signifie pas que Y est plus puissant que toute créature, mais qu’aucune créature ne peut entrer en compétition avec lui. Dans cette formulation, il n’y a aucun paradoxe, mais peut-être parce que DIEU n’est alors pas considéré comme tout-puissant. » Ce que je constate finalement, c’est que l’ambiguïté n’est qu’apparente, que croire en un dieu imparfait serait ne pas croire en DIEU tout simplement, et que ce que je qualifie de perfection ici est une qualité relative. Pour ceux qui n’y croient pas (athées), la tâche est plus compliquée, car l’absence de source rend DIEU totalement inconnu, et je pense personnellement qu’un débat dans ce sens implique la croyance certes d’au moins l’existence de l’être suprême (ou DIEU) sans quoi je qualifierais ce débat d’insignifiant et rétrograde. Je leur propose donc de s’engager dans un autre débat qu’est le débat de l’existence de DIEU plutôt que de l’omnipotence de l’inexistant. Enfin, je pense et j’en suis certain que c’est parce qu’il y a des réponses qu’il y a des questions… Ainsi la question qui n’a pas de réponse (à ne pas confondre avec celle dont on ignore la réponse à l’instant) n’existe pas ou est à réviser.
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